Santo Subito
16 Octobre 1978, une fumée blanche s’élève depuis une bonne heure au dessus du Vatican. Deux jours que ça bosse sévère dans la chapelle sixtine, mais on y est : l’Eglise Catholique tient son nouveau Pape, le 264ème successeur de Saint Pierre va faire son apparition au balcon le plus célèbre du monde.
Le cardinal protodiacre s’avance, et proclame un nom, celui de Karol Wojtyla.
« Carole qui ? »
« Ils ont élu une fille ????? »
La rumeur se répand dans la foule , « c’est un Pape Africain ». Les journalistes parcourent désespérément leurs notes à la recherche de la fiche biographique du bonhomme. Inutile : le service de presse du Vatican n’en a prévu aucune sur le cardinal Wojtyla. A part le Saint Esprit, personne n’avait vu venir le petit cardinal polak au nom imprononçable.
Les gens ne le savent pas encore, mais Dieu vient de leur faire cadeau d’un des plus grands pasteurs de l’histoire de l’Eglise. En pleine Guerre Froide, c’est la voix de la contestation qui s’élève à Rome.
Ouvrier dans une carrière de pierre la journée, séminariste clandestin le soir, Karol est un mec qui vient d’en bas. Il a vu son pays piétiné par les nazis, puis par les communistes qui réussissent le tour de force de faire pire que leurs prédécesseurs. Alors Jean-Paul sera pas du genre à la boucler pour éviter les taquets.
z
JP prend son bâton et parcours le monde pour réclamer la paix, la justice, et proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Personne le faisait avant ? Mais il s’en fout le Jean-Paul : lui, il est là pour ça.
Des Philippines à Haïti, de la Colombie au Cameroun en passant par le Maroc, il casse les codes, bouleverse la comm’ du Vatican: jamais on a vu un Pape aussi proche des gens, spontané, heureux d’être au contact des croyants du monde entier.
Ceux qui décrivaient le Saint Père comme un monarque enfermé dans sa tour d’ivoire le voient patauger dans les bidonvilles de Calcutta. En même temps JP, la misère ça le connait: la Pologne des années 60 c’était pas Disneyland non plus…
Même dans les grandes souffrances des dernières années de sa vie il n’a jamais cessé d’être le meilleur ambassadeur que le Christ pouvait nous envoyer.
Un ambassadeur qui deviendra bienheureux en mai prochain., c'est pas moi qui le dit, c'est le Vatican. En gros, la dernière marche avant de devenir un saint.
Alors on va évidemment avoir droit à notre petite polémique du début d'année. Guérison miraculeuse ou pas ? Est-ce qu'il le mérite alors que c'est quand même rien qu'un odieux réactionnaire qui a assassiné des centaines de millions de gens par VIH interposé ?
Mais la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe, et dans l'histoire la blanche colombe, c'est nous. Rien ne viendra me gâcher la fête. Je me rappelle très bien comment il était mon Pape, et il cartonnait. Vous avez déjà vu un visage qui dégage autant d'amour au cm² ? Des chercheurs américains et slovènes l'ont d'ailleurs récemment prouvé : Jean-Paul II tu peux pas test.
J-P, c'était l'amour de Dieu du côté de chez vous. Alors le débat sur sa canonisation, pour moi il est réglé depuis longtemps (même si personne ne m'a demandé mon avis).
Après tout un saint c'est quoi ?
C'est un mec qui est tellement bon, tellement grand, que tout le monde se dit :" ah ouais, Dieu ça doit être un truc de ouf quand même". Un mec habité par l'amour de Dieu et des hommes. Un mec qui sacrifie toute sa vie pour amener mettre un peu plus de Jésus dans notre monde de païens. En gros, un saint, ben c'est un Jean-Paul II.
Il est des gens dont on se dit « les pauvres, ils auraient vraiment dût faire autre chose de leur vie », je pense par exemple à celui qui a dessiné les uniformes des contrôleurs SNCF. Mais Jean-Paul II, lui, tu sentais qu'il était fait pour le job, et qu'il était épaulé par Dieu pour ça. Le Duo de choc, Dieu featuring Jean-Paul II. La Dream Team écclésiastique, les Vaticano Bulls. Et pourtant il en a encaissé des coups notre Pape, catholique donc un gros vilain par principe, et le premier d'entre nous, donc le pire des pires.
Mais même à bout de force Jean-Paul II a jamais lâché l'affaire. Même affaibli par trois balles dans le corps (un peu comme 2PAC mais en vivant), quelques coups de couteaux, et un Parkinson bien violent, JP a donné une leçon de volonté au monde.
Si j'ai tant besoin de parler de Dieu aujourd'hui, c'est sûrement parce que vue les effort qu'il a fait pour moi, de mon côté je n'ai plus aucune excuse .
Santo Subito