Ni esclaves, ni mercenaires
« J'ai pas besoin d'avoir peur de Dieu pour faire de bonnes choses»
Souvent, quand je dis « Dieu », on me répond « peur », « crainte », comme si à chaque pas je m'attendais à être foudroyé par le mécontentement divin. Dieu serait un peu mon épée de Damoclès perso, prêt à me latter la figure au moindre faux pas. Il fait Sauron*, je fais Frodon (et non, Benoît XVI ne fait pas Gollum).
Moi, croyant, je suis une petite créature faible et terrifiée.
Si j'avais su, j'aurais gueulé plus fort que ça le jour de mon baptême...
Il y a parfois un décalage monstrueux entre ce que je vis dans la foi, et l'image que les gens se font de ma religion(ont décidé de s'en faire ?). Alors réglons ce malentendu une fois pour toute : le péché ne se comprend pas en terme de peur, mais en terme d'amour.
Mes parents ont fait mon éducation et m'ont enseigné certaines valeurs : la politesse, la ponctualité**, le respect des anciens, ne jamais porter un maillot de l'OM etc...
Ca n'a pas toujours fonctionné comme ils le souhaitaient, mais c'est parce que je les aime que je cherche à ne pas les décevoir (ne leur dites surtout pas, après ils vont se la péter), et à respecter ce qu'ils m'ont appris. Je sais qu'ils l'ont fait pour mon bien (à une ou deux petites choses près, pour lesquelles j'ai un léger doute, mais passons).
On peut tenir exactement le même raisonnement avec Dieu : comme un Père, mais qui saurait tout, et qui aurait raison de manière systématique (les ados vont adorer...).
Son amour est sans condition, j'ai le libre choix de l'accepter, mais je peux aussi lui balancer à la gueule accompagné d'une brique ou d'un chat sauvage. Chacun fait comme il l'entend.
Comme vous le savez, de mon côté j'ai accepté, j'ai foncé en plein dedans (et j'en suis plus heureux que je ne saurais le dire). Voilà pourquoi le péché me préoccupe : parce que je ne veux pas décevoir Celui qui m'aime et à qui je dois tout. C'est pas une question de peur, je suis un garçon donc je n'ai donc peur de rien.
Quand on trahit la confiance de quelqu'un, on la ramène pas trop, voir pas du tout. Ben le péché c'est un peu ça, la vraie punition est là. Le péché nous éloigne de Dieu, et le pire, c'est que ça vient de nous-même.
D'ailleurs, quand je fais une connerie, je n'ai besoin de personne pour le savoir, croyez-moi. Un prêtre que j'aime beaucoup m'a dit un jour, « tu sais que tu déconnes lorsque tu fais quelque chose, et que tu ne voudrais pas que Jésus soit à côté de toi », j'adhère.
C'est parce qu'elle évoque le péché que l'Eglise se traine une image (entre autre) de donneuse de leçons hypocrite. Certains actes/comportements sont mauvais par nature, et elle ose le dire. A l'heure où toutes les valeurs sont négociable, où chacun devrait pouvoir faire ce qu'il veut au nom de la "liberté", c'est un discours qui passe moyen (et je suis très soft).
Quand Benoît prend la parole, c'est souvent ça qu'on entend : « va plutôt t'occuper des prêtres pédophiles au lieu de donner des leçons ».
Que les gens soient rassurés, le Pape s'en occupe, et sûrement beaucoup trop à son goût. Mais cela l'empêche-t-il de vouloir continuer à faire avancer le monde ?
Il f aut bien comprendre que ce n'est pas pour dire "Regardez-vous, bande de gros dégueu ! Nous on est tout purs, vous vous êtes tout moches !". Personne n'est jugé puisque pécheurs, nous le sommes tous. Le Pape se confesse lui-même chaque semaine. Mais beaucoup n'apprécient pas de se voir dire qu'ils ne sont pas parfaits, et c'était déjà le cas il y a 2000 ans :
« Le monde me hait parce parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. » (Jean 7.7)
Pourtant, quel mal y a-t-il à dire que chacun peut devenir quelqu'un de meilleur ? Quel mal y a-t-il à me dire quand je suis sur le mauvais chemin ? C'est simplement m'inviter à une certaine introspection. Ca demande de l'humilité, c'est sûr, mais si chacun acceptait de vivre avec ce petit travail quotidien, le monde s'en porterait un peu mieux.
Voilà ce qu’est le péché : la honte de peiner Celui qui m’a créé. Saint Paul nous invite à n'être ni mercenaires (celui qui fait pour recevoir) ni esclaves (qui agit dans la crainte du châtiment), mais fils qui suivent leur Père par amour (Cor,XIII, 5).
Je suis croyant, et je ne crains pas la Justice de Dieu, j'ai seulement peur de ne pas me montrer digne de lui.
* Vous savez, l'oeil qui voit tout et qui guette la moindre faiblesse du héros dans le Seigneur des Anneaux
**Ceux qui me connaissent dans la vérité de la vie vraie doivent bien se marrer là.